Le boom du pop-corn
Riche en antioxydants, le maïs soufflé sort des salles de cinéma pour s’imposer comme une friandise raffinée.
Grillé, moulu, bouilli, soufflé… le maïs se prête à tout ! ©Shutterstock/Chamille White
Couvert de sel ou de sucre, le pop-corn n’a pas bonne réputation sur le plan nutritionnel. Il est souvent vu comme un péché mignon que l’on s’offre en regardant un film à la télévision ou au cinéma. Il mérite pourtant davantage de considération. Selon une étude menée en 2012 par la University of Scranton aux États-Unis, il contiendrait davantage d’antioxydants polyphénols – une classe de molécules qui peut réduire les risques de maladies cardiaques ou de diabète – que les fruits et les légumes. « Le pop-corn est un aliment sans additifs », indique le responsable de l’étude Joe Vinson. « De plus, il contient beaucoup de fibres alimentaires. »
Pop-corn ‘gourmet’
Le pop-corn commencerait ainsi à être perçu comme un aliment sain à travers le monde. Des marques se sont lancées dans le segment ‘gourmet’, à l’image de l’actrice américaine Scarlett Johansson qui a créé en 2016 à Paris sa propre boutique baptisée Yummy Pop. Parmi les parfums disponibles, on trouve, côté salé, truffe-parmesan ou « real cheddar » et, côté sucré, « Canadian maple » (sirop d’érable canadien). Cette dernière saveur figure parmi les plus demandées. Également établie dans la capitale française avant de déménager à Saint-Maur-des-Fossés, My Crazy Pop utilise pour sa part depuis 2014 des grains de maïs sans OGM éclatés à l’air chaud et des sauces faites maison, dont caramel (best-seller), sirop d’érable, gingembre, parmesan ou wasabi.
Fondée quant à elle en 2011, l’entreprise anglaise Propercorn s’étend désormais dans douze pays européens. « Le pop-corn est un snack nostalgique que tout le monde connaît », indique la fondatrice Cassandra Stavrou. « C’est un aliment naturel qui constitue une source d’énergie et de fibres sans gluten, se mariant excellemment avec de nombreuses saveurs. » En l’occurrence, Propercorn l’associe avec d’autres ingrédients tels que des piments, des cacahuètes ou de la noix de coco, et veille pour chacun des parfums à ne pas dépasser une valeur énergétique de 130 kilocalories par portion de 25 grammes.
Symbole des salles obscures
Selon Andrew Smith, auteur du livre Popped Culture: A Social History of Popcorn in America, le pop-corn est arrivé aux États-Unis au début du 19e siècle grâce à des baleiniers nord-américains venus du Chili. Il s’est rapidement répandu, avant de devenir un symbole des salles obscures dès la Grande Dépression, grâce à son prix accessible. Les dirigeants de cinémas se sont vite rendu compte des profits conséquents qu’ils pouvaient réaliser à partir de ce produit permettant de dégager d’importantes marges. Ils se sont mis à le commercialiser eux-mêmes (à titre d’illustration, le volume annuel de pop-corn vendu par le groupe Pathé en Suisse est de 1 900 000 litres pour une septantaine de salles – 72% salé contre 28% sucré – ce qui représente 34% du chiffre d’affaires du département boissons & aliments). Dès les années 50, la présence toujours plus fréquente d’un four dans les foyers américains offre un nouvel essor au maïs à éclater. Aujourd’hui, chaque Américain en mange en moyenne 50 litres par an, et au Royaume-Uni sa consommation a augmenté de près de 170% au cours des cinq dernières années. Décidément, entre bombe calorique et snack bourré de fibres et d’antioxydants, entre fourrage pour cinéphile et gourmandise qui se la joue haute gastronomie, le pop-corn n’a pas fini de crépiter dans nos cuisines, de coloniser les supermarchés et de nous faire succomber à sa réputation sulfureuse !