Lieux d’achat
Des marchés au e-commerce, les lieux d’achats évoluent au fil des siècles et connaissent un formidable essor à partir du 19e siècle. Aujourd’hui, les grandes surfaces, les commerces spécialisés, les hard-discounts ou les supérettes se complètent, grâce à leur diversité. Ils offrent une multitude de choix aux consommateurs, selon leurs attentes, leurs disponibilités et leurs possibilités financières.
Du marché au e-commerce
Plusieurs millénaires se sont écoulés entre le troc, qui fut la première forme d’échange commercial, et le e-commerce de ce siècle. Déjà au 3e millénaire AEC dans l’Égypte ancienne, des marchés permettent la rencontre de marchands venus de différents horizons et offre de produits variés aux consommateurs. Chez les Romains, le forum, au cœur de la ville, est réservé à la vie politique, mais aussi aux échanges commerciaux.
Les marchés jouent un rôle central dans le commerce dès le Moyen Âge. Permanents ou temporaires, ils désignent les lieux où les éleveurs et les producteurs proposent leurs produits, indispensables à l’approvisionnement des villes. Certaines foires, souvent annuelles et particulièrement réputées, ont une dimension internationale. À la fonction commerciale s’ajoute une fonction sociale, puisque les marchés favorisent les rencontres, les échanges et la circulation des idées. Pour compléter l’offre, les échoppes d’artisans, de boulangers ou de charcutiers sont installées un peu partout en ville ; les bouchers et les poissonniers doivent par contre se regrouper dans des rues précises.
Le commerce connaît un essor extraordinaire au 19e siècle. Les épiceries ou les magasins d’alimentation générale se multiplient. La révolution vient des États-Unis avec l’apparition du libre-service en 1916, et du premier supermarché en 1930. Ceux-ci pratiquent des prix plus bas que les petits commerces, rendus possibles par une forte rotation des stocks, par une diminution de la main d’œuvre et par une implantation en périphérie des villes. Le principe arrive en Europe dans les années 1950.
Le deuxième grand changement se fait à la fin des années 1990 avec le e-commerce, qui semble promis à un bel avenir. La rencontre entre le vendeur et l’acheteur, l’évaluation des produits et les transactions ne sont plus que virtuelles.
Les lieux d’achat du 21e siècle
Le succès des supermarchés, des hypermarchés et des centres commerciaux est indiscutable de nos jours. Situés parfois en centre-ville ou sur les grands axes de circulations routières, ils sont appréciés par certains pour leur seule fonctionnalité. À l’opposé, les centres commerciaux deviennent, pour d’autres, un lieu de vie, qui dépasse le besoin d’approvisionnement et qui reproduit la vie urbaine, avec des animations, des garderies ou des cafés.
La prolifération des grandes surfaces a aussi fait craindre la mort du commerce de proximité, qui joue un rôle de cohésion sociale dans la vie d’un quartier ou d’un village. De nombreux petits commerces de proximité ont en effet disparu durant les cinquante dernières années. Pourtant les commerces artisanaux ou spécialisés (boulangeries, épiceries fines, magasins bio) se maintiennent en proposant certaines valeurs comme le savoir-faire, la passion du métier, la qualité. Pour les mêmes raisons, les marchés de plein air restent quant à eux toujours attractifs.
D’autres commerces de proximité sont apparus depuis une vingtaine d’années : les supérettes de quartiers, en particulier dans les rues animées le soir, et les boutiques de stations-services ou de gare. Elles proposent des heures d’ouverture plus larges, s’adressent à une clientèle en transit, achetant hors des horaires d’ouverture habituels ou ayant besoin d'un produit sans délai.
L’adaptation du public
À leur arrivée, les hard-discounts, des chaînes de distribution pratiquant des prix des plus compétitifs ont heurté une partie des consommateurs. La présentation pour le moins dépouillée, des prix si bas que les articles sont jugés suspects, un choix limité de produits : ils évoquent une distribution de ‘pauvre’. Pourtant, ils attirent aujourd’hui toutes les catégories de population, les ménages à haut et faible revenu, et ceux qui préfèrent limiter les frais de consommation courante pour se procurer d’autres biens.
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