Les labels d’agriculture biologique
Bien que les labels biologiques soient perçus par les consommateurs comme un gage de qualité des produits, ils ne sont pas à l’abri des critiques. Leur grande variété n’en facilite pas la compréhension et les coûts induits par la certification n’est pas accessible à tous les producteurs, notamment dans les pays en développement. Finalement, l’importation de produits biologiques issus d’accords bilatéraux met à pied d’égalité des produits qui répondent à des cahiers des charges différents.
Les limites de la certification biologique
À partir des années 1970, les produits issus d’une agriculture biologique intéressent de plus en plus les consommateurs, principalement en Europe et aux États-Unis. Afin de prévenir tout abus dans ce marché ‘bio’ en pleine croissance, le besoin de standard, de certification et de contrôle de l’agriculture biologique devient nécessaire pour garantir la bonne adéquation entre les allégations et la réalité. Des organismes privés promoteurs de l’agriculture biologique conçoivent des normes de production et des procédures de certification en se basant sur les normes minimales élaborées par la Fédération Internationale des Mouvements d'Agriculture Biologique (IFOAM). Dès les années 1980-1990, des ordonnances sont établies au niveau gouvernemental en Suisse ainsi qu’au niveau européen, pour soutenir la conversion des producteurs conventionnels à l’agriculture biologique. Lancée en 1993, la loi européenne sur la production biologique s’applique d’abord aux cultures puis aussi à l’élevage, à l’aquaculture ainsi qu’à la production de textiles, de plantes fourragères et, enfin, de cosmétiques dès la fin des années 1990. Aussi, au même moment, elle inspire le développement de règlements ailleurs dans le monde, comme au Japon, au Canada et aux États-Unis, ainsi que l’élaboration des directives de l’agriculture biologique par la commission du Codex Alimentarius qui deviennent la nouvelle référence des ordonnances nationales et des échanges internationaux.
Face au nombre croissant de labels, la plupart des pays occidentaux cherchent à réduire les frais liés au contrôle des produits pour favoriser le commerce international. Ils signent alors des accords bilatéraux qui impliquent un système d’équivalence entre les labels et donc une reconnaissance mutuelle des procédures de production et de certification de l’agriculture biologique du pays exportateur.
Si la labellisation des produits de l’agriculture biologique est un gage de qualité pour le consommateur, elle connaît trois principales critiques. Premièrement, il est nécessaire de certifier les produits par un organisme attitré pour que les producteurs puissent les commercialiser et les exporter avec un label ‘bio’. Cette procédure engendre des frais, que de nombreux agriculteurs dans le monde, et surtout dans les pays en développement, ne sont pas en mesure d’assumer. Pour les aider à exporter leurs produits, des organisations non-gouvernementales (ONG) créent et leur attribuent des labels biologiques qui répondent à un cahier des charges fixé et vérifié. Parallèlement, pour favoriser le commerce local de produits biologiques, des producteurs ont mis en place leur propre label ‘bio’ avec un système de contrôle participatif faisant intervenir des consommateurs et d’autres producteurs locaux pour garantir la qualité des produits.
La deuxième critique concerne l’importation de produits biologiques dans le cadre d’accords économiques bilatéraux. Par exemple, lorsqu’un produit issu d’une agriculture biologique aux États-Unis est importé dans l’Union européenne, aussi bien le label ‘bio’ européen que le logo américain peuvent être utilisés. Ainsi, cette manière de faire met à pied d’égalité des produits qui, dans les faits, répondent à des cahiers de charges différents. Alors, seule la mention de provenance permet de distinguer un produit biologique américain d’un produit ‘équivalent’ européen. L’utilisation des antibiotiques dans le cadre de la production ‘bio’ est un cas parlant, car il montre les limites des équivalences. On ne trouvera pas de produits carnés européens et biologiques de l’autre côté de l’Atlantique, car, contrairement à l’UE, les États-Unis interdisent l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages ‘bio’, bien que d’autres conditions soient moins strictes que dans l’UE (pas d’obligation à l’accès permanent à un espace en plein air, minimisation de la durée des transports, etc.). Au contraire, les pommes et les poires malades peuvent être traitées en dernier recours avec des antibiotiques aux États-Unis, mais pas en Europe, raison pour laquelle aucune pomme ‘bio’ américaine n’est disponible sur les étals européens.
Finalement, la dernière critique touche à la connaissance des labels par le grand public. Les consommateurs ont rarement accès aux cahiers des charges respectifs et la coexistence de divers labels plus ou moins restrictifs sur le marché augmente le risque de confusion.
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