Le carême
Pendant longtemps, le carême a été une période particulièrement stricte de l’année : abstinence sexuelle, privation de viande, parfois d’œufs et de laitages. Cette période était un moment de prières et de repentir. La pratique du carême est moins prégnante aujourd’hui, toutefois l’idée de jeûne demeure, tant d’un point de vue religieux que dans une perspective laïque.
Les contraintes du carême
Le carême (du latin jejenus ‘affamé, maigre, sec’) est la période de jeûne la plus stricte imposée par l’Église. Il dure quarante jours, du mercredi des Cendres (premier jour du carême, après le Mardi gras) à la semaine pascale. Il est apparu dès le 4e siècle et s’inspire des quarante jours de retraite et de jeûne que Jésus a passés dans le désert. Pour le chrétien, le carême était un moment de prière, de repentir, de purification et de préparation à la fête pascale. Les rigueurs du carême ont varié selon les époques. D’abord, seul le repas du soir était autorisé, puis une deuxième collation a été accordée. Outre la privation de nourriture, d’autres contraintes apparaissent au fil des siècles : l’abstention sexuelle, l’interdiction des mariages et des plaisirs, (p. ex. la fermeture des théâtres).
Les aliments proscrits
Les prescriptions de l’Église au Moyen Âge ont été plus strictes pour le temps du carême que pour les autres jours maigres de l’année. La viande et les produits dérivant de l’animal étaient interdits. Ainsi les œufs ne pouvaient pas être consommés, tout comme le beurre, la crème, le lait et le fromage. Plusieurs régions ne produisant que peu ou pas d’huile ont progressivement obtenu le droit de consommer du beurre pour compenser l’absence de matière grasse. En fait pour adoucir les rigueurs du carême, certains cherchaient à obtenir des dispenses de l’Église. Mais ces dispenses étaient souvent achetées et pouvaient représenter une source substantielle de revenus pour l’Église. La Réforme a éliminé toutes ces pratiques jugées comme du marchandage.
Parmi les boissons, le vin et les liqueurs ont été interdits durant les périodes les plus strictes. Les boissons non nourrissantes étaient par contre acceptées, mais les discussions pour savoir si une boisson était un aliment ou non ont été animées. Ainsi la question du chocolat à boire a été longtemps débattue par les ecclésiastiques et les médecins. La boisson a été finalement autorisée à la fin du 17e siècle.
Le jeûne, toujours et encore
La pratique du carême est moins prégnante aujourd’hui. Toutefois, ceux qui veulent marquer ce temps choisissent volontairement de se priver de plaisir, de sucreries, d’alcool ou de distractions. Le jeûne hors du contexte religieux est pratiqué pour des raisons de santé et de diététique. Les cures ‘détox’ de jus de fruits et de légumes remplacent les aliments quotidiens, et des cliniques organisent des périodes de jeûne presque complet. Les sucres, les graisses peuvent donc être bannis de l’alimentation.
Le sucre, un médicament !
De manière surprenante pour nous en Occident, qui considérons le sucre comme un aliment particulièrement désirable, celui-ci ne figure pas dans les aliments interdits par l’Église durant les périodes les plus strictes du carême. La question s’était posée, mais c'est au 13e siècle que Saint Thomas d’Aquin, théologien et philosophe, décide que le sucre facilite la digestion et qu'il est autorisé. Le sucre se vendait chez les apothicaires, et était utilisé surtout comme médicament ou comme condiment.
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