Pâques
Dans la tradition chrétienne, la fête de Pâques met fin au jeûne du carême avec des mets riches. L’agneau, qui commémore le sacrifice et la résurrection du Christ, est servi en plat principal sous forme de gigot, rôti ou ragoût. D’autres aliments comme les œufs décorés, le lapin et les cloches en chocolat ont été introduits dans les célébrations pascales au fil du temps. Ils puisent leur source dans divers récits de la mythologie païenne.
Aux origines de Pâques
Fête du calendrier chrétien, Pâques est célébrée le dimanche après la première pleine lune du printemps et a ainsi lieu à une date différente chaque année. Elle succède au carême, période de quarante jours de jeûne et sa date peut tomber entre le 22 mars et le 25 avril. Célébration la plus importante du christianisme, Pâques commémore la foi en la résurrection de Jésus Christ relatée dans le Nouveau Testament qui est au fondement même de la religion chrétienne.
Ses origines remontent à la Pessa’h juive qui célèbre la sortie d’Égypte des Hébreux esclaves du Pharaon (l’Exode). Dans le Nouveau Testament, la tradition chrétienne, le Jésus est associé à l’agneau, car il s’est sacrifié pour ‘ôter le péché du monde’ (Jean 1, 29). Aussi, lors de la Sainte-Cène, le dernier repas de Jésus, le pain et le vin sont associés respectivement à son corps et à son sang (Mathieu 26, 26-28). Le pain fait référence au pain azyme, sans levain, consommé pendant l’Exode. Et le sang rappelle l’agneau sacrifié avant le départ d’Égypte dont le sang répandu sur les portes a épargné les familles juives de la dixième plaie frappant l’Égypte (Exode 12, 20-22).
Agneau, œufs, lapins, cloches : la nourriture comme représentation
Le repas de Pâques succède à la cérémonie religieuse. Souvent pris à midi, le repas met fin au long jeûne du carême avec un ensemble de plats riches et sucrés. Servi en plat principal, l’agneau, qui commémore le sacrifice christique, est préparé en gigot, en rôti ou en ragoût. En France, l’agneau est parfois remplacé par le cochon, surtout dans certaines régions campagnardes. Sous forme de jambon fumé ou de saucisses, la viande de porc se retrouve aussi bien comme entrée que comme plat principal du repas de Fête.
Symbole de deuil et du cercle de vie dans la Pessa’h juive, l’œuf représente lors de Pâques la vie et la renaissance. Selon une légende orthodoxe, c’est à Marie-Madeleine que l’on doit le premier œuf de Pâques. Elle se serait présentée devant l’Empereur Tibère à Rome, un œuf à la main, pour demander la condamnation de Ponce Pilate. Elle lui aurait raconté les événements qui ont précédé et accompagné la mort du Christ, et l’œuf se serait alors teint en rouge et a convaincu l’Empereur de la résurrection de Christ. Traditionnellement, les œufs sont cuits dur, puis teints ou décorés de représentations chrétiennes comme la croix. Ils ornent la table pascale et sont mangés par les convives et les hôtes.
Quant au lapin, son lien avec Pâques s’enracine dans le folklore. Plusieurs contes et légendes germaniques relatent que le matin de la Fête un lapin ou un lièvre aurait pondu des œufs colorés. Aussi, cet animal serait l’emblème de la déesse païenne anglo-saxonne Éostre, proche des termes Easter et Ostern (Pâques en anglais et allemand), associée à la fertilité et honorée au printemps. Dans la mythologie scandinave, le lièvre symboliserait la fécondité et le monde serait né d’un œuf. Cependant, en France, ce sont les cloches qui auraient ‘pondu’ les œufs ! Selon la tradition catholique, les cloches se taisent en signe de deuil le jeudi Saint qui commémore la Cène annonçant le sacrifice du Christ. On raconte aux enfants qu’elles sont parties à Rome, et qu’elles carillonnent à leur retour le samedi qui annonce la résurrection du Christ en déversant dans les jardins sucreries et œufs colorés.
CRÉTIN, Nadine, 2015. Fêtes de la table et traditions alimentaires. Toulouse : Le Pérégrinateur éditeur.
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