L'éradication des graisses
Selon les contextes sociaux, les matières grasses sont valorisées en tant que symbole de vie, de richesse, de bien- être, de fécondité et de festivité. Toutefois, elles sont plutôt mal perçues dans les sociétés occidentales actuelles en raison des risques qu’elles peuvent avoir sur la santé comme l’obésité et les maladies cardiovasculaires. La morale promeut alors une consommation modérée de graisses.
Symboles et normes
Aujourd’hui, la graisse est intimement liée à la représentation que nous avons de notre corps. Mise en relation avec l’image du corps obèse, elle est associée à la prise de poids et à l’enlaidissement. Ces représentations découlent de normes sociales qui cadrent les pratiques alimentaires.
Jusqu’au 19e siècle, les sociétés mangeaient ce qu’elles parvenaient à produire en fonction des aléas climatiques. Connaissant des périodes de restrictions alimentaires et de famines, les matières grasses et leur apport énergétique étaient très recherchés. Consommées qu’occasionnellement, elles symbolisaient la vie, la fécondité, la santé, la lumière et la richesse.
Cependant, dans certains pays seulement, ces représentations sont moins prépondérantes depuis l’ère d’abondance alimentaire et l’augmentation du nombre de personnes en surpoids. Le discours scientifique condamne aujourd’hui l’excès de graisses dans l’alimentation, surtout les graisses saturées et les acides gras trans qui se trouvent notamment dans les produits alimentaires industriels, car ils augmentent le risque de maladies cardiovasculaires et d’obésité. Aussi, le discours médical promeut une consommation allégée en graisses et la pratique d’un sport. Contrairement aux graisses saturées, d’autres graisses insaturées sont hautement valorisées, les acide gras cis ou encore omega 3 et 6, car elles jouent un rôle protecteur contre les maladies cardiovasculaires et assureraient un bon fonctionnement cognitif du cerveau.
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