La grenade, fruit miraculeux
La grenade est originaire de la Carthage romaine (actuelle Tunisie), comme l’indique son nom botanique Punica granatum. Ses propriétés curatives sont connues dès l’Antiquité. Ce fruit savoureux est utilisé dans diverses représentations symboliques grâce à sa belle forme et comme symbole de fertilité en raison de ses multiples graines. Son aspect d’orbe évoque l’Église et le sacerdoce, ainsi que le pouvoir temporel des chefs d’État.
La grenade jouit d’une importance culturelle et religieuse multiple dans la mesure où ses pépins symbolisent la vie et la fertilité, mais parce qu’elle incarne également le pouvoir (l’orbe), le sang et la mort. On retrouve déjà dans la mythologie grecque et perse la grenade comme symbole de fertilité, de beauté et de vie éternelle. Dans la mythologie grecque, elle symbolisait la fertilité et on l’attribuait aux déesses Déméter, Perséphone, Aphrodite et Athéna. Dans la Bible, seul l’Ancien testament y fait allusion. Sous une forme stylisée, le fruit ornait l’ourlet des tuniques sacerdotales juives (Ex 28, 33f ; 39, 24-26). La grenade est également une métaphore pour la richesse de la terre promise d’Israël (Deut. 8,8). Dans le Cantique des Cantiques, les pommettes de la Sulamite sont comparées à une tranche de grenade (Cant 4.3).
Dans le symbolisme chrétien (Jérôme), en raison de ses nombreux pépins, le fruit représente pour l’Église son unité dans la foi et la communauté des fidèles. En ce sens, dans les représentations de Marie, la grenade renvoie au titre de Marie comme ‘Mère de l’Église’.
Dans le judaïsme, le fruit joue un rôle important comme symbole de la rectitude puisque les 613 pépins (supposés) correspondent aux 613 commandements de la Torah. Aussi, pour Roch Hachana (nouvel an juif), les fidèles mangent la grenade pépin par pépin, afin que le plus de vœux possibles puissent se réaliser.
Dans le bouddhisme, la grenade est considérée comme un des trois fruits bénis, avec la pêche et le citron.
Le Coran évoque par trois fois la grenade (6:99, 6:141 et 55:68). Elle représente notamment les bonnes choses créées par Dieu, elle décrit les fruits terrestres mais également paradisiaques, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelle aussi la ‘pomme du paradis’.
Le Moyen Âge la reprend pour symboliser la vertu du souverain, sans doute un vestige des anciennes représentations germaniques. Albrecht Dürer a peint par deux fois des portraits de l’Empereur Maximilien Ier tenant une grenade dans la main, comme symbole de l’orbe. Jusqu'à aujourd'hui, la grenade est considérée comme un aphrodisiaque et est un ingrédient de nombreux philtres d’amour.
Déjà très tôt, les Perses reconnurent les bienfaits de la grenade. Théophraste et Pline en décrivent les différentes variétés et leurs propriétés médicales. Les apparences et les effets curatifs de la grenade sont énumérés dans les livres de botanique de la fin du Moyen Âge. Il est scientifiquement prouvé que la grenade contient des antioxydants, de grandes quantités de flavonoïdes, notamment des anthocyanes, de la quercétine et des polyphénols. Des ellagitannins comme la punicalagine ou de l’acide-phénol comme l’acide ellagique et l’acide gallique ont des fonctions importantes dans la régulation des cellules. La grenade contient du potassium et des vitamines A, C et E, du calcium et du fer.
La cuisson du fruit produit une teinte noire de jais. La peau et le jus des grenades sont utilisés depuis des siècles comme teinture pour les tapis d’Orient.
Le nom de la ville espagnole de Grenade vient du fruit qu’elle arbore dans ses armoiries depuis la reconquête chrétienne. Une grenade avec une croix est l’attribut de Saint-Jean de Dieu de Grenade, qui y a fondé un hôpital en 1539, d’où a émergé l’ordre des Frères de la Charité, dont l’emblème est également la grenade.
La grenade (Punica granatum) compte parmi les lythraceae. Elle est répandue en Asie centrale et occidentale, mais depuis l’Antiquité, on la cultive également en proche Orient et dans le bassin méditerranéen. L’Iran est le plus grand producteur et exportateur de grenades au monde. Son nom botanique Punica provient du latin punicus (punique) ; il informe sur l’origine de la grenade qui provient de la région punique romaine (Tunisie), d’où les Romains l’ont importée. Le nom de l’espèce granatum (en latin granum : grain) fait référence aux nombreux pépins du fruit.
La grenade (en allemand ‘pomme avec des grains’) provient d’un arbre à feuilles caduques ou d’un arbuste à feuilles lancéolées. Ce dernier peut croître jusqu’à 5 m de hauteur et vivre jusqu’à 200 ans. Il fleurit au printemps et en été en rouge corail. Les fruits savoureux bruns-rouges, d’un diamètre de 5 à 12 cm, ont la forme d’une pomme qui serait dotée d’une couronne formée de sépales. Les grenades font partie des baies dans la mesure où leur chair n’est ni charnue, ni ligneuse. Leur peau durcie renferme des compartiments remplis de graines anguleuses. Les fruits ont leur place en cuisine. On peut les manger frais ou les boire sous forme de cidre.
Dans de nombreuses cultures, on retrouve la grenade comme bijou ou motif décoratif. Depuis l’Orient, le fruit s’est retrouvé sur des tissus précieux et, à travers l’Italie, sur les tapis de toute l’Europe. Le grenat apparaît sur les nuanciers dès le 15e siècle. Dans la bourgeoisie allemande, jusqu’au 20e siècle, le trousseau de mariage comprenait un service en porcelaine avec des dessins d’oignon. On sait maintenant, qu’au 18e siècle, à Meissen, l’ornementation de la porcelaine n’était pas composée d’oignons mais de grenades et de pêches, donc d’un modèle de grenades.
La grenade (bombe) provient également du fruit. En effet, en raison de sa profusion de pépins, le fruit était appelé malum granatum en latin médiéval. C’est ainsi que l’on nomma grenades, les boules remplies de grains de poudre. Aux alentours de 1600, des soldats allemands reprirent le mot de l’italien (granata) pendant la guerre de Trente Ans, qui a ensuite pris sa place dans le vocabulaire courant. Au départ, les grenades renvoyaient à des projectiles lancés à la main, puis le nom a également incorporé les projectiles envoyés par des machines.