L'histoire du thé
Tradition ancestrale en Chine, le thé est devenu la boisson par excellence en Extrême-Orient. En Europe, le thé enthousiasme, même s’il se fait plus discret dans les pays latins. Pour lui, des objets de luxe vont être créés et des salons de thé vont s’ouvrir.
Une tradition ancestrale
Des textes écrits en Chine plusieurs siècles avant l’Ère Commune mentionnent déjà une boisson faite de plantes amères, de thé vraisemblablement, réservée à la cour impériale. Dès le 2e siècle après l’Ère Commune, les moines bouddhistes apprécient le thé pour ses vertus stimulantes ; ils vont favoriser sa culture et sa diffusion. Quelques siècles plus tard, le thé devient une boisson populaire, diffusée dans tous les milieux. L’art de préparer et boire le thé se développe et devient l’objet d’un véritable rituel. Les maisons de thé, qui vont jouer un rôle social important, font leur apparition.
La réputation et le prestige de cette boisson vont dépasser les frontières de la seule Chine. Le thé aurait été importé au Tibet au 7e siècle déjà, puis en Corée. Le Japon le découvre en même temps, mais c’est au 12e siècle que l’habitude du thé se répand et s’ancre dans les mœurs. Le rituel autour du thé va y connaître son apogée.
Les Européens avaient déjà entendu parler du thé par les missionnaires revenus d’Extrême-Orient. Mais ce sont les Hollandais qui, les premiers, le ramènent au début du 17e siècle. Le reste de l’Europe le découvrira quelques dizaines d’années après.
L’accueil du thé en Europe
On reconnaît au thé des vertus médicinales et son exotisme fascine ; pourtant son destin varie selon les pays. Dans les pays latins surtout, le thé se fait discret. En provenance d’Extrême-Orient, il répond au goût des chinoiseries (objets ornementaux d’origine ou d’inspiration chinoise), très en vogue au 18e siècle. Il séduit surtout l’aristocratie et les classes privilégiées, et accompagne désormais les mondanités. Plus tard, il devient une boisson élégante et raffinée pour les dames de la bonne bourgeoisie. Pour le reste de la population, le thé est plutôt perçu comme snob ; il reste marginal et est souvent relégué au rang de boisson médicinale.
En revanche, les Hollandais et les Allemands l’adoptent immédiatement. En Grande Bretagne, le thé suscite une véritable passion et s’imposer partout. Puis c’est au tour de la Russie de succomber à son charme : le samovar devient la pièce maîtresse de la maison.
Un peu partout en Europe, l’art de servir et boire le thé se développe. Au début, il est particulièrement exotique de le boire dans des tasses de porcelaine chinoise, ramenées dans les mêmes navires. Puis des services à thé manufacturés en Europe apparaissent. On va progressivement assister à un véritable déploiement de luxe dans les objets ; il semblerait que Louis XIV se faisait préparer sa boisson dans une théière en or.
De plus, une nouvelle habitude apparaît dans la deuxième moitié du 19e siècle. La tradition du thé de l’après-midi, venue d’Angleterre, se répand en Europe et des salons de thé s’ouvrent dans toutes les grandes villes. Les femmes peuvent s’y rendre librement ; il était en effet inconvenant d’aller au café.
Le thé noir
On se limite très longtemps en Europe au thé noir, de Chine d’abord, puis d’Inde et de Ceylan. Quelques thés parfumés sont appréciés : le Earl Grey parfumé à la bergamote en tête et le thé au jasmin. Contrairement à la tradition orientale, et au risque de dénaturer les arômes, on le sucre et on y ajoute un nuage de lait.
Une légende
Le thé aurait été découvert en Chine en 2373 AEC par l’empereur Shen Nong, père de l’agriculture et de la médecine. Celui-ci parcourait le pays, à la recherche de nouvelles plantes médicinales. Un jour, alors qu’il se reposait sous un arbre, malade, il eut soif et fit bouillir de l’eau, selon l’usage. Quelques feuilles de l’arbre tombèrent dans la tasse. Lorsqu’il but la boisson, un peu amère, mais riche en arômes, le bien-être l’envahit aussitôt : le thé avec ses vertus curatives était né.
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