L’histoire de la pêche
Nécessité alimentaire à la Préhistoire, la pêche devient objet de commerce dès l’Antiquité. La pêche en haute mer, présente dès le 15e siècle, prend son essor dès l’apparition des bateaux à vapeur au 19e siècle. Les chalutiers, plus puissants, traînent des filets plus amples. La pêche de loisir, dévolue aux classes aisées dès le 18e siècle, se démocratise au fur et à mesure que les avancées technologiques permettent la production d’un matériel plus performant à moindre coût.
Histoire des pratiques de pêche
Les Homo habilis puis les Homo erectus semblent être les premiers pêcheurs, voilà quelque 500 000 années, selon l’interprétation des restes fossilisés de poisson trouvés lors de fouilles archéologiques. Cependant, la pêche se serait véritablement développée pendant le Paléolithique supérieur, entre 40 000 et 10 000 ans AEC après l’apparition de l’Homo sapiens. On connaît peu de choses des différentes pratiques de pêche. La pêche de subsistance à cette époque se résumerait à une ‘récolte’ de poissons à la main ou au moyen d’outils rudimentaires faits de matériaux organiques dont on n’a plus trace. Elle aurait été principalement pratiquée par des populations établies à proximité des plans et des cours d’eau. La lance, le filet, la ligne et la canne semblent apparaître en Égypte vers 3500 AEC, presque simultanément. La pêche de subsistance évolue peu au fil des siècles et certaines techniques se retrouvent encore de nos jours en Occident dans la pêche de loisir.
Durant l’Antiquité gréco-romaine, la pêche est le sujet principal du Halieutika du poète Oppien de Corycos, premier traité qui nous soit parvenu sur la pêche en mer. Les Romains sont de grands consommateurs et commerçants des ressources du bassin méditerranéen. Ils pêchent principalement au moyen de différents types de filets. Ne connaissant pas encore la réfrigération, le poisson non consommé rapidement est fermenté et transformé en garum, un condiment populaire.
Pendant le Moyen Âge européen, les seigneurs sont les maîtres des eaux. La pêche en rivière, fortement réglementée, est permise aux communautés religieuses dont le régime alimentaire est rythmé par des périodes maigres. Cependant, dès le milieu du 11e siècle en France, la construction d’étangs se développe, laissant présager un début de pisciculture.
Dès le 15e siècle, la pêche en haute mer et le commerce de poissons s’étendent. Les Néerlandais constituent des flottes de harenguiers qui, traînant un long filet dérivant, peuvent rester en mer des semaines durant. Ils sont ravitaillés par des ventjagers, bateaux cargo qui ramassent également les prises.
Les premiers chalutiers apparaissent en Grande-Bretagne au 17e siècle, mais le chalutage prend son essor dès le 19e siècle avec l’abandon des voiles au profit de la machine à vapeur. Les bateaux deviennent plus grands et plus puissants permettant de traîner d’amples filets dans des eaux profondes. Le commerce des produits de la mer s’intensifie. Grimsby, petite ville anglaise, devient l’un des plus grands centres de pêche commerciale en Europe et se voit reliée au Billingsgate Fish Market (le marché aux poissons le plus grand du monde à cette époque) à Londres par une voie directe de chemin de fer.
Durant les deux conflits mondiaux, certains chalutiers sont adaptés pour la pêche aux mines sous-marines et armés pour protéger la flotte des pêcheurs des vaisseaux ennemis.
Quant à la pêche de loisir, notamment la pêche à la mouche, elle est d’abord dévolue aux classes aisées dès le 18e siècle. Elle se démocratise au fur et à mesure que les avancées technologiques permettent la production d’un matériel plus performant à moindre coût. Pour satisfaire les pêcheurs, des espèces exogènes ont même été introduites dans certaines régions, comme ce fut le cas pour la truite en Australie.
La pêche dans l’arène
Sous l’Empire romain, le thème de la pêche se retrouve dans le combat de gladiateurs. Le retiarius était armé d’un trident à manche long et d’un filet de pêche. Son opposant était le secutor, dont le casque recouvrait tout le visage et ressemblait fortement à une tête de poisson.
CAZEILS, Nelson, 2003. Autrefois la pêche en eau douce. Insolite, histoires, traditions et savoir-faire. Rennes : Éditions Ouest-France.
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