Packaging - valeurs nutritives
Les consommateurs peuvent être démunis en lisant sur l'emballage les valeurs nutritives des produits alimentaires transformés, car ils sont complexes. À condition qu’elles soient mentionnées. Afin de sensibiliser et guider les consommateurs dans leur choix et face à une augmentation alarmante de maladies liées à une alimentation déséquilibrée, des règlements nationaux sur l’étiquetage alimentaire voient le jour dès la fin du 20e siècle.
La Tour de Babel des informations nutritionnelles
Aujourd’hui, face à la diversité et la complexité des aliments industriellement transformés et raffinés, les consommateurs peuvent rapidement se perdre dans la Tour de Babel des valeurs nutritives des produits. Pendant longtemps, la mention de ces dernières était omise des emballages. Suite à une augmentation alarmante des maladies liées aux carences ou à la surconsommation de certains aliments dans les pays industrialisés à la fin du 20e siècle, des systèmes d’étiquetages sont mis sur pied, souvent dans le cadre de programmes nationaux de promotion de la santé.
Tour d’horizon des normes d’étiquetages
Fondé en 1961 par l’effort conjoint de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA/FAO), le Codex Alimentarius établit des normes internationales générales sur l’étiquetage des aliments préemballés. Communément, la liste des éléments nutritifs se présente sous forme de tableau en indiquant les valeurs par poids par portion. Cependant, différents modèles d’étiquetage coexistent aujourd’hui, tributaires des politiques nationales en la matière.
Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) édicte un guide strict pour l’industrie agroalimentaire américaine dès 1990. Des éléments nutritifs à mentionner obligatoirement à la police typographique et la taille des caractères en fonction du type d’emballage, rien n’est laissé au hasard. Cependant, ces règles ne s’appliquent pas à la viande ni aux boissons alcoolisées, dépendantes d’autres organes de l’État.
Au Japon, le Ministère de la Santé Publique tente de promouvoir l’étiquetage des valeurs nutritives des aliments transformés dès 2003. L’étiquetage demeure facultatif, mais la mention des éléments suivants est obligatoire à partir du moment où le producteur désire afficher les valeurs nutritives : calories, protéines, graisses, glucides, sodium, vitamines et minéraux. Il faudra attendre 2015 pour qu’une loi rende cet étiquetage obligatoire et uniformise le format. Les catégories d’aliments exemptés d’étiquetage au Japon sont au nombre de sept :
- les aliments qui ont peu, voire pas, de qualités nutritionnelles (eau, épices) ;
- les ingrédients utilisés pour produire d’autres aliments ;
- les spiritueux ;
- les aliments dont l’emballage est trop petit pour y faire figurer l’étiquette ;
- les aliments dont les recettes changent de manière régulière ;
- ceux consommés sur le lieu de leur transformation ;
- ceux utilisés pour les repas scolaires ou d’hôpital.
En Suisse, la première version de la loi sur l’étiquetage alimentaire date de 2005 et en détermine tous les aspects. La mention nutritionnelle est facultative, sauf dans les cas où des propriétés nutritionnelles de l’aliment sont mises en avant, soit sur l’emballage soit dans la publicité du produit. Par contre, la valeur énergétique et la quantité de chaque nutriment doivent être indiquées. En 2002 déjà, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) démarre un projet de base de données des valeurs nutritives à l’échelle nationale. Elle renseigne sur la composition des aliments disponibles dans les commerces suisses. Gratuite d’accès et régulièrement mise à jour, elle peut être consultée online ou téléchargée. À ce jour, elle dénombre plus de 10 000 aliments, dont la viande, les légumes frais et les boissons alcoolisées.
Dans l’Union européenne, la déclaration nutritionnelle devient obligatoire sur les emballages dès le 13 décembre 2016. Le règlement met en avant la lisibilité de l’étiquette, en préconisant l’emploi de termes génériques en lieu de termes ‘scientifiques’, comme, par exemple, le terme « sel » à la place de « sodium ».
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